Preview 2023 – Saint-Louis Cardinals : à la poursuite d’un octobre rouge

Vainqueurs sans trop de difficultés de la Division NL Central en 2022, les St Louis Cardinals s’avancent encore une fois comme les grands favoris de leur groupe en 2023. Pour la première sans leur légendaire receveur, Yadier Molina, parti en retraite en compagnie d’Albert Pujols, les Cardinals vont pouvoir profiter d’un effectif autrement quasi-inchangé pour continuer leur marche en avant… Et enfin décoller en postseason ?

Adios Yadi, et merci pour tout!

Retour sur la saison 2022

La saison 2022 à St Louis, c’est tout d’abord la fin d’une époque. La der des ders pour Yadier Molina tout d’abord, l’un des plus grands receveurs de l’histoire du baseball a bouclé en octobre sa dix-neuvième saison avec les Cardinals, pour deux victoires en World Series, 9 Gold Gloves, 4 Platinum Gloves et 10 passages au All Star Game entre autres…

Le Portoricain en a tout de même profité, avec son compère de toujours Adam Wainwright, pour s’offrir deux derniers records : le plus grands nombre de starts en MLB pour une « Battery » (association Lanceur/Receveur) est désormais de 328, tandis que le compteur du plus grand nombre de victoires – qui leur appartient également, bien entendu – s’est bloqué à 213.

« Waino », qui a décidé de rempiler pour un an – une fois de plus – reviendra en 2023. Mais une autre légende du Busch Stadium, après une décennie d’exil, a lui aussi fait ses adieux sous le maillot des Cards, notamment en frappant son 700e Home Run dans les Majors le 23 septembre, mais aussi en décrochant sa onzième et dernière étoile de All Star au cours d’une saison rondement menée par le Triple MVP : Farewell Albert Pujols, Yadi t’attend dans le taxi pour Cooperstown.

Que d’émotions, mais ce qui est encore plus fort pour les fans des Cardinals, c’est que ces moments uniques et ces adieux déchirants n’ont pas empiété sur les résultats d’une saison plus que positive. Certes elle s’est terminée de manière quelque peu abrupte, mais l’année 2022 semble avoir posé les bases d’une nouvelle période radieuse du côté de St Louis.

Il y a les deux superstars Paul Goldschmidt et Nolan Arenado, respectivement premier et troisième au vote MVP de National League et tout simplement irrésistibles au bâton : .317/.404/.578, 76 XBH dont 35 Home Runs et 115 RBI pour le Goldy ; 72 XBH dont 30 HR et 103 RBI pour Nolan, qui a assuré la défense pour récupérer au passage son dixième Gold Glove en autant de saisons dans les Majors. Avec 7.8 et 7.9 WAR sur la saison régulière, ils n’ont plus qu’un axe d’amélioration pour la saison prochaine : frapper en postseason. 1 Hit sur 16 passages au bâton lors des Wild Card Series perdues contre les Phillies, ça fait mauvais genre.

Lars Nootbaar et sa célébration devenue virale au Japon. Photo : YUICHI YAMAZAKI/AFP

Le reste de l’alignement, alliage de jeunesse et d’expérience, a été solide toute la saison, a l’instar du vétéran Pujols (24 HR tout de même et une moyenne de .270), de la jeune « superstar japonaise » Lars Nootbar ou encore du rookie Brendan Donovan, Gold Glove et troisième au Rookie of the Year de National League en jouant à toutes les positions de l’Infield, de l’Outfield et en DH pour sa première saison dans le Show.

Quelques petites déceptions tout de même avec un Tyler O’Neill bien en-dessous de son niveau incroyable de 2021 tout comme Harrison Bader, qui a lui été puni de la plus cruelle des façons : il a été envoyé aux New York Yankees en cours de saison. Avec une attaque encore jeune dans son ensemble, les Cardinals ont tout de même terminé la saison avec la 10e attaque de MLB en runs scorés comme à la moyenne. Work in Progress.

Coté lanceurs, les Cards se sont enfin trouvés un closer en la personne de Ryan Helsley, excellent toute la saison avec un ERA de 1.25 en 64.2 manches, une 12e place au Cy Young et un premier voyage au All Star Game en prime. Jusqu’à son craquage en postseason, Helsley a été le point d’ancrage d’un bullpen plutôt bon mais, et c’est une tendance générale chez ces Cardinals, juste derrière l’excellence en NL puisqu’il a le 4e ERA (3.61), le 6e WHIP (1.25) et le 5e BAA de la NL. On notera les performances de Gallegos (3.05 ERA, 14 SV, 1.017 WHIP) mais aussi du rookie Andre Pallante, dans un rôle hybride avec un ERA de 2.35 lors des 53.2 manches qu’il a lancées comme releveur (contre 3.98 en 54.1 manches comme starter)

La rotation, en revanche, est le principal point noir de cette saison puisqu’elle se place en deuxième partie de tableau de la NL à l’ERA (9e, 3.96) et au fond pour la moyenne adverse (12e, 2.55), malgré la belle saison de Miles Mikolas, All Star pour la deuxième fois en 2022 mais qui donne toujours l’impression d’un as « par défaut ». Avec 202 manches et un ERA de 3.29, Mikolas n’a toutefois pas démérité tout comme Wainwright, toujours fringant (191.2 IP, 3.71), mais il a manqué du monde derrière, que ce soit pour faire passer les innings (Dakota Hudson, 136.2 manches lancées, est le seul autre lanceur exclusif avec plus de 100 manches) ou pour faire une réelle différence. Avec les blessures en série de Steven Matz et Jack Flaherty, les Cards ont testé le top prospect Matthew Liberatore, sans grand succès (5.97 ERA en 34.2 manches) avant de tenter les trades avec plus de réussite en allant chercher Jose Quintana (2.01 ERA et 9 QS, en 12 starts et 62.2 manches) aux Pirates puis Jordan Montgomery (3.11 ERA, 63.2 IP, 61 SO) chez les Yankees, en échange de Harrison Bader donc.

Jordan Montgomery a été la bonne pioche du mercato estival côté Cards. Photo : Michael Reaves/Getty Images

Un bilan de 93-69 pour finir, et l’impression que les Cardinals ont mis le pied, pour un moment au moins, sur cette NL Central… Cela n’a pas suffi, néanmoins, une fois arrivés face à des Phillies que l’on découvrirait bientôt en Mode Bestiole (ou Beast Mode) si vous préférez lors de ces playoffs : défaite 6-3 lors du Match 1 après un craquage commun de de Ryan Helsley et Andre Pallante dans la 9e manche, puis défaite 2-0 dans le deuxième match face à un Aaron Nola impérial. Si seulement les Cards avaient eu deux MVP en puissance dans leur roster…

Qu’attendre de la saison 2023?

C’est avec un effectif quasi-inchangé que les Cardinals se présentent pour la saison 2023. Une seule acquisition véritablement notable, celle du receveur Willson Contreras. Le receveur vénézuélien, trois fois All Star et vainqueur des Worlds Series en 2016, arrive après 14 ans dans l’organisation des Cubs, le rival historique, pour remplir l’énorme vide laissé par la légende Molina. Bonne chance à lui. Pour le reste de l’effectif juste un doute sur le poste de DH laissé vacant par Albert Pujols (Yepez ? Gorman ? Walker ?)

De retour avec un an de plus au compteur, Arenado et Goldschmidt occuperont de nouveau les coins de ce qui devrait être encore l’un des meilleurs infields des Ligues Majeures dans les tâches défensives, tandis que Tommy Edman, Paul DeJong et Brendan Donovan devraient se partager le centre des opérations au gré des formes des uns et des autres. Le jeune outfield composé de Nootbaar, O’Neill et Carlson rempilera également avec une saison d’expérience supplémentaire, on l’espère prêts à passer un nouveau palier.

Mais la vraie différence, le plus attendu par tous les aficionados du Busch Stadium, n’est pas une recrue : c’est bien entendu Jack Flaherty, le véritable facteur X de la rotation des Cards, et peut-être LA pièce qui peut transformer la destinée de St. Louis en 2023. Le lanceur californien est monté doucement en puissance lors du spring training, pour atteindre pour la première fois les 90 pitchs lancés cette semaine. Il semble enfin débarrassé de ses problèmes récurrents à l’épaule et d’un seul coup d’un seul, les Cardinals ont sur le papier une rotation digne d’un contender avec Flaherty en tête, Miles Mikolas et Wainwright en deuxième gâchette, le tout suivi de près par Jordan Montgomery et Steven Matz en attendant de revoir le top prospect Matthew Liberatore, on l’espère plus à son avantage qu’en 2022.

Longtemps blessé en 2022, Jack Flaherty doit rebondir en 2023, lui qui était considéré comme l’ace des Cards. Photo DR

Reste le bullpen, qui ne devrait pas être bien différent de la saison dernière avec Ryan Helsley toujours dans le rôle du closer, Hicks et Gallegos en setup ; Pallante, Cabrera, Stratton pour manger les innings. Toujours solide à défaut d’être exceptionnel.

De la suite dans les idées donc, et un effectif qui murit et qui se doit d’entamer la deuxième étape de sa progression en 2023. Sans que cela ne soit acquis, on voit mal qui pourrait embêter les Cardinals en NL Central, tant les Brewers semblent en perte de vitesse et les autres équipes de la division encore bien loin du compte. Mais il faut maintenant regarder plus haut : de par leur histoire, de par leur status, de par les investissement consentis pour Arenado et Goldschmidt notamment, les Cardinals doivent désormais trouver l’étincelle en postseason.

Viendra-t-elle de séries enfin décisives de la part de ses frappeurs stars ? Viendra-t-elle de performances hors-norme de leur lanceur vedette ? Est-ce que le départ de Yadier Molina, taulier parmi les tauliers, présence gigantesque et incontournable dans le clubhouse des Cards permettra à d’autres leaders de se révéler et de s’imposer au moment de lancer les hostilités de la postseason? Réponse d’ici la mi-octobre !

Le joueur à suivre : Brendan Donovan

Le couteau suisse Brandon Donovan a rendu de fiers services aux Cards l’an passé. Photo Adam Hunger/AP Photo

Il est le nouveau « Super-Utility Man » des Ligues Majeures. Pour sa saison de Rookie, Brendan Donovan a joyeusement voltigé entre 6 positions défensives et le poste de DH, s’imposant défensivement comme une valeur sur dans l’infield et dans l’outfield et récoltant au passage le premier Gold Glove décerné spécifiquement à un « Utility Man ».

Mais Donovan, troisième derrière le duo de Braves Michael Harris II et Spencer Strider, n’a pas brillé que par sa défense, loin de là, contribuant à la bonne saison de son équipe avec un rendu offensif plus que satisfaisant résultant en un OPS+ de 126, un wRC+ de 129 et un WAR de 4.2, autant d’indicateurs statistiques qui le classent parmi le Top 50 des Ligues Majeures en 2022.

Bon à la moyenne (.280), c’est surtout par sa capacité à monter sur bases que Donovan a impressionné en 2022, approchant de près la marque symbolique des .400 d’OBP et se calant tranquillement entre Juan Soto et Jose Altuve avec ses 39.4% d’accès au premier coussin. Pas vilain. Avec 60 buts sur balles et 14 HBP pour 70 Strike Outs, il a plus souvent marché vers la première base que vers le dugout, partageant le plus gros de son temps dans le lineup entre les spots 9, 1 et 2 pour sa capacité à « mettre la table » pour les gros frappeurs du batting order.

Si Donovan n’a pour l’instant pas brillé par sa puissance, avec 5 Home Runs en 126 matchs en 2002, cela pourrait venir aussi cette saison puisque le natif de Würzburg, en Allemagne, en a déjà frappé 4 en 15 matchs depuis le début du Spring Training, avec au passage une moyenne de .341. Un petit bonus de puissance qui pourrait lui permettre de viser encore plus haut en 2023, mais ce n’est bien entendu pas la vocation première du couteau suisse des Cardinals.

On attendra surtout en 2023 la confirmation d’une grande polyvalence et d’un gigantesque talent qui s’exprime quelque peu sur le tard, à déjà 26 ans, mais qui pourrait être l’un des chainons essentiels pour faire des Cardinals un peu plus que les grands favoris de la NL Central, dans leur quête de Gloire.

La star : Paul Goldschmidt

Tout juste auréolé d’un trophée de MVP, Paul Goldschmidt doit maintenant prouver son talent quand ça compte, en postseason. Photo DR

Il est depuis une décennie déjà l’une des valeurs les plus sûres des Ligues Majeures, dans la solidité (il n’a raté que 35 matchs depuis son dernier passage sur l’IL, en 2014) que dans la performance. Sept fois All Star, quatre fois sur le podium du MVP, quatre fois Gold Glove, il ne manquait plus que le titre de MVP pour compléter sa collection de récompenses individuelles.

Voilà qui est fait au terme d’une saison 2022 à placer dans la catégorie des très grandes : top 5 de MLB dans les trois catégories de la triple couronne avec un batting à .317 (3e), 35 HR (5E) et 115 RBI (2e), Paul Goldschmidt a terminé la saison avec 7.8 WAR, un OPS+ de 180 et un wrC+ de 177, inférieur seulement à ceux d’Aaron Judge et Yordan Alvarez. Cela fait de lui, en toute modestie, un joueur 80% meilleur que le « joueur médian » de MLB (En 2022, ce serait Bobby Witt Jr., pourtant pas vilain pour son année de Rookie, avec 102 OPS+ et 101 wRC+) sur une saison entière.

Pourtant, tout aussi impressionnantes que soient ses stats en 2022 comme en carrière (un OPS+ de 145 et 58.5 WAR en 12 saisons c’est plutôt Elite Tier), Paul Goldschmidt fait face à deux nouveaux challenges : le premier est s’imposer comme le nouveau capitaine de route de ces Cardinals, ce qui semble une évolution plutôt naturelle avec le départ de Molina. Le second est de rapidement se sortir de cette spirale qui fait de lui un « Choker » en postseason.

Car sous le maillot des Cardinals, Goldy ne frappe plus qu’a .233 en postseason avec 30.3% de présence sur bases. Pire, depuis les NLCS 2019, il affiche 5 hits en 43 passages au bâton pour une moyenne de .128 complètement indigne d’un MVP et d’un leader offensif. Tout comme Jack Flaherty sera attendu pour mener la charge depuis le monticule, le succès des Cardinals – au-delà de la saison régulière – passera par la capacité de Paul Goldschmidt (et de son acolyte du Hot Corner Nolan Arenado, dans une situation similaire) de montrer, enfin, qu’il est aussi capable de faire la différence quand l’histoire d’une saison est en jeu.

Le Prono

Je l’ai dit au cours de ces lignes et je le redis ici, seuls les Cardinals peuvent empêcher les Cardinals de remporter la division NL Central, tant le différentiel de qualité collective est désormais prononcé entre la franchise de St Louis et ses adversaires directs. Mais, sans pour autant se relâcher au cours du marathon de la saison régulière, les Cardinals se doivent de regarder plus haut, bien plus haut.

Sur une bonne série, les Cardinals (qui n’étaient pas loin contre les Padres en 2020, pas loin contre les Dodgers en 2021, et moins loin que ce que le score ne laisse imaginer contre les Phillies en 2022) peuvent battre n’importe quelle équipe de National League, et l’objectif, qu’il soit ou non réalisable, doit être de se battre pour le Pennant.

Cela passera par une année sans blessures pour le groupe de lanceurs et par des performances enfin dignes pour les superstars du lineup dans les moments de vérité. On sait aussi que l’expérience compte dans ces moments-là, et quatre ans de désillusions devraient permettre aux Cards et à Oliver Marmol de mieux approcher la saison, et surtout la postseason quand il sera temps.

Je vais me mouiller et annoncer les Cardinals vainqueurs de leur Division et présents en NLCS, a minima.

Prono TSO : 96-66


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