Preview 2023 – Milwaukee Brewers : la fin d’une époque?

Exclus de la postseason, dominés par les Cardinals, les Milwaukee Brewers sont retombés sur terre en 2022 après une parenthèse enchantée de 4 saisons. Si dans le Wisconsin, le moral est encore au Win Now, difficile de ne pas voir les Brewers comme une valeur en baisse, tellement ils semblent stagner, sans forcément pour autant s’affaiblir. Un retour de flamme est toujours possible, mais s’il suffisait d’y croire…

Retour sur la saison 2022

Pour la première fois depuis la saison 2017, les Milwaukee Brewers n’ont pas réussi à se qualifier pour la postseason. Un bilan de 86-76 et une deuxième place en NL Central (comme en 2017) n’auront pas suffi, les Brewers laissant filer la dernière Wild Card, par une victoire, au profit des Phillies, qui allaient se hisser jusqu’en World Series.

Rien de honteux pour la franchise du Wisconsin, mais on ne peut s’empêcher de sentir comme une atmosphère de fin d’époque qui s’échappe de l’American Family Field, tant les signes s’accumulent pour laisser penser que les Brewers, s’ils sont passés tout près, ont raté leur chance d’aller chatouiller les étoiles et de peut-être remporter – enfin – leurs premières World Series.

La saison 2022 était parfaitement respectable, on l’a dit, mais sans véritable flamme collective, sans véritable élan pour accompagner le leader Corbin Burnes, Cy Young en titre et encore une fois la pièce maîtresse de cette Brew Crew (lire plus bas). Le lineup a offert une accumulation de performances respectables et de puissance sans contrôle , d’où l’on dégagera les noms de Rowdy Tellez (35 HR, 89 RBI mais aussi un BA de .219 et 121 SO), Willy Adames (31 HR, 31 2B, .238 BA et 166 SO !) ou encore Hunter Renfroe (29 HR, 23 2B, et 121 SO). L’ex-MVP, Christian Yelich, a lui aussi alimenté la machine avec 166 SO, mais aussi 88 BB, en plus de ses 25 doubles et 14 HR.

Pour faire simple, les Brewers se sont transformés en machine à « True Outcomes » , avec plus d’un tiers, 37% de leurs passages au bâton se terminant par un Walk, un Home Run ou un Strike Out. 4e de MLB en termes de retraits sur prises subis, 3e aux Home Runs marqués, mais aussi 27e au niveau des singles et 22e à la moyenne avec une marque de .235 . Le constat est simple : les Brewers avaient les canons mais il leur manquait la poudre, la capacité à monter sur bases pour créer une réelle différence, pas aidé par la production famélique de joueurs normalement plutôt fiables au bâton comme Omar Narvaez (.206 AVG entre les blessures), entre autres.

Côté lanceurs, c’est un peu deux salles deux ambiances. Avec le 11e ERA des Majors (3.83) et la troisième place au nombre de Strikeouts, les Brewers ont été plus que respectables dans l’ensemble, d’autant que ces statistiques se distribuent d’une manière relativement correcte entre les Starters (3.75 ERA, 12e) et le Bullpen (3.94 ERA, 17e). Mais si les principaux starters ont effectué un beau tir groupé, dans le sillage d’un Corbin Burnes encore impérial (202.0 IP, 2.94 ERA, 243 SO, 134 ERA+ ), avec notamment plus de 150 manches et un ERA inférieur a 4.00 pour Lauer et Woodruff, le bullpen s’est montré friable et en dessous de sa réputation, et notamment le closer vedette Josh Hader, très loin de son niveau exceptionnel des saisons précédentes, avant de filer vers San Diego à la Trade Deadline.

Alors certes, Devin Williams et Brad Boxberger, notamment, ont tenu la baraque pour permettre au bullpen des Brewers de se maintenir à flots, mais les 16 sabotages concédés par la relève – un record en MLB la saison dernière – ont probablement joué dans la balance au moment de se battre pour la Wild Card. D’autant que les recrues estivales dans ce domaine, Taylor Rogers (23 IP, 3/6 SV, 5.48 ERA) et Matt Bush (23 IP, 2/6 SV, 4.30), n’ont pas apporté grand-chose. Arrive en août, Trevor Rosenthal n’a quant à lui pas lancé le moindre pitch avant de quitter le club en novembre.

Bref, rien de catastrophique, mais les Brewers, qui ont longtemps réussi à tenir l’équilibre d’un « petit marché »  prolongeant sa fenêtre de compétitivité, semblent à une ou deux mauvaises décisions de voir leur bulle se dégonfler.

Qu’attendre de la saison 2023?

L’hiver a été plutôt studieux dans le Wisconsin, sans mouvements véritablement majeurs mais tout de même pas mal de départs (Renfroe, Boxberger, Rogers, Narvaez, Wong, Peterson, McCutchen, Gott) pour autant d’arrivées.

Parmi celles-ci, on retrouve notamment le receveur des Braves William Contreras, All Star l’an dernier. L’outfielder des Mariners, Jesse Winker, arrive en compagnie d’Abraham Toro – en échange de Kolten Wong – ou encore l’ex-futur grand espoir des Marlins Brian Anderson, qui sort de deux saisons plus que moyennes en Floride. Des paris assez osés notamment pour les trois derniers, capables du meilleur mais qui n’ont pas encore prouvé leur capacité à être réguliers au niveau Majeur.

Si la rotation ne change pas trop, pour le moment au moins, avec seulement l’arrivée du vétéran Wade Miley pour accompagner Burnes, Woodruff, Lauer et Peralta dans le 5 Majeur des Brewers, le Front Office a retapé son bullpen autour de Devin Williams, désormais le closer attitré de l’équipe. Bienvenue donc à Javy Guerra, qui a – peu – lancé chez les Padres puis les Rays l’an dernier, à Bryse Wilson, qui pourra également servir de sixième homme de la rotation, tout comme Adrian Houser et à Joel Payamps, très bon l’an dernier mais qui a eu la malchance d’exercer à Kansas City puis Oakland, il y a mieux pour se faire remarquer.

Bref, beaucoup de noms, pas vraiment de plus-value en termes d’expérience ou de véritables garanties sur la durée et un farm-system où le seul véritable Top Prospect, l’OF Jackson Chourio, ne semble pas en mesure de pointer le bout de son nez avant au moins un ou deux ans. Il va falloir serrer les boulons et éviter les glissades, et espérer que tout le monde suive mentalement, à commencer par les leaders naturels, Christian Yelich et Corbin Burnes.

Et, on observera bien entendu de près l’attitude de ce dernier, qui n’a pas caché son agacement au terme de la procédure d’arbitration qui l’a « opposé » aux Brewers. Dans cet audit destiné à décider la rémunération d’un joueur sous contrôle pour la saison suivante, le Cy Young 2021 n’a apprécié que ses dirigeants lui fassent plus ou moins porter le chapeau pour la non-qualification en postseason. On peut comprendre son agacement, et on peut également s’inquiéter quelque peu par rapport à ce que cela impliquera pour la suite. Si Corbin Burnes n’est pas au max, les choses risquent de rapidement se compliquer pour les Brewers dans leur ensemble !

Le joueur à suivre : Garrett Mitchell

Il est un de ces joueurs dont le destin est tout tracé depuis l’âge du Lycée, et même avant. Toujours au sommet des rankings, il avait refusé une draft des A’s en 2017 pour filer vers l’UCLA. Quelques distinctions personnelles (notamment une inclusion dans le All-Pac-12 Conference Team) plus tard, il était sélectionné pour la deuxième fois, au premier tour de la Draft 2020, cette fois par les Brewers. Deux ans plus tard, après avoir traversé les niveaux Rookie, A, AA et AAA des Minor Leagues, il faisait ses débuts en Major Leagues pour les Brewers… et quels débuts.

Véloce, précis, puissant… Mitchell s’est immédiatement senti comme chez lui en dans les Majors. Appelé le 27 août, il obtenait son premier hit en MLB le lendemain et son premier Home Run le surlendemain. Il a fini la saison avec 28 matchs joués, une moyenne de .311, huit buts volés et un OPS+ de 136.

A confirmer bien sûr, car le gamin n’a que quelques semaines de Major League dans les jambes et on sait à quel point la saison de confirmation peut être difficile pour un jeune joueur, aussi doué soit-il. Mais gardez tout de même un œil sur Garrett Mitchell. A presque 25 ans, il a pris tout le temps de mûrir, et est prêt pour le Show… et il a tous les aspects d’un Rookie of the Year en puissance.

La star : Corbin Burnes

Qui d’autre que Corbin Burnes, Cy Young 2021, Top 10 en 2020 et 2022, pour incarner le visage de la franchise. Lui qui s’est fait sa place discrètement dans un stade qui n’avait d’yeux que pour Christian Yelich (MVP 2018 pour sa première saison dans le Wisconsin et quasi-récidiviste la saison suivante) a explosé lors de la saison raccourcie de 2020. Un peu moins de 60 manches, un ERA de 2.11 et un ERA+ de 216, le ton était donné mais la possibilité d’un feu de paille sans lendemain.

Il fallut donc 2021 pour confirmer le phénomène : Corbin Burnes n’était plus la star d’un seul été mais le real deal, quand il remportait le Cy Young avec entre autres un ERA de 2.43 – le meilleur des Majors – mais aussi le meilleur SO/9 et le meilleur SO/W parmi les joueurs qualifiés (12.6 et 6.88) et un record assez exceptionnel de 58 Strikeouts avant de concéder le moindre but sur balles pour commencer la saison. Ajoutez à cela 234 Strikeouts en 167 manches lancées, et un FIP (1.63) encore bien inférieur à l’ERA et vous avez une saison à ranger parmi les meilleures de l’histoire.

Moins exceptionnel mais toujours aussi dominant, armé d’un Cutter dont sont fait les rêves, Corbin Burnes a continué sur sa lancée en 2022 avec un ERA de 2.94 et 243 SO (record de NL) en 202 manches lancées, il n’y a désormais plus aucun doute : Corbin Burnes est l’un des véritables As de la Ligue, et un candidat permanent pour le Cy Young pour les saisons à venir… à Milwaukee ou ailleurs.

Le prono

Est-ce que les Cubs, les Reds ou les Pirates peuvent rattraper leur retard dès cette saison sur les Brewers ? Franchement non, aucune chance, même si les Cubs pourraient se rapprocher au bénéfice de courbes croisées. Est-ce que les Brewers ont vraiment la capacité sportive de rivaliser avec les Cardinals, dans une division que la franchise de St-Louis semble avoir tout fait pour sécuriser entre gros trades et recrutements de luxe ? Cela semble improbable.

La saison 2023 des Brewers, et je leur souhaite de me tromper, a dès le départ un petit air de « chasse-patate » quasiment inéluctable, tant c’est fort devant et faible derrière. Reste, dès lors, à choisir un plan d’action : partir tous flingues dehors et espérer jusqu’au moment où il n’y aura plus d’espoir ou lancer un mini-rebuild et repartir dans un an avec une petite chance d’accrocher un dernier baroud d’honneur ? Entre romantisme, pragmatisme et réalisme, le Front Office des Brewers est face à la croisée des chemins.

Prono TSO : 82-82, 2e en NL Central


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