Preview 2023 – Chicago White Sox : Y a-t-il un pilote dans l’avion?

Attendus parmi les favoris de l’American League après une saison 2021 encourageante, les Chicago White Sox ont déçu dans les grandes largeurs. Entre un Manager qui a semblé parfaitement perdu au fil que la saison lui passait devant, une avalanche de blessures et les méformes des uns et des autres, les White Sox n’avaient juste pas le niveau pour faire mieux qu’une saison moyenne. Moyenne à tous les niveaux, et le bilan final ne ment pas : 81 victoires, 81 défaites, et beaucoup, beaucoup de questions à l’orée de la saison 2023.

Retour sur la saison 2022

La tendance était nette, la trajectoire précise après deux participations a la postseason en 2020 (pour la première fois depuis 2008) puis 2021, la longue reconstruction des White Sox touchait au but, et 2022 était la bonne année pour asseoir son autorité sur une AL Central sans grand relief et aller croiser le fer avec les géants de la Ligue. C’était le plan, du moins…

En vérité, les White Sox n’ont jamais, tout simplement jamais, donné l’impression qu’ils soient en mesure de dominer leur sujet, sans parler de dominer leur division. Décimés par les blessures, menés par un Tony LaRussa qui a semblé parfois complètement dépassé – et a quitté son poste au terme de la saison en raisons de soucis de santé, les White Sox ont été tout simplement moyens, partout, et dans tous les domaines.

19e équipe de MLB en termes de runs marqués, malgré le deuxième plus grand nombre de hits des Majors et la 5e moyenne au bâton (.256 mais le 18e OBP), les White Sox ont frappé beaucoup sans vraiment scorer : avec 2.09 Hits par point marqué, ils sont 27e de toute la MLB en termes d’efficacité offensive.

Un problème quand l’on note que le pitching s’est avéré tout aussi moyen au fil de la saison, malgré les exploits de Dylan Cease et Liam Hendriks, avec là aussi un ERA collectif de milieu de tableau (3.92, 16e), que ce soit chez les starters (3.89, 15e) ou chez les releveurs (4.00, 19e). Ajoutez à cela l’un des pires Fieldings de toute la Ligue (.982 Fld%, 28e ; 102 erreurs, 28e; -35 DRS, 27e) et vous avez la panoplie parfaite du club moyen, sans espoir de voir plus loin.

Au-delà des bilans collectifs et de l’avalanche de blessures – Tweet ci-dessus : Les White Sox ont réussi collectivement, sur une période de 365 jours, à avoir au moins une blessure sur chacune des régions anatomiques du corps humain – les performances individuelles ont été rares, dans le bon comme dans le mauvais sens.

Bien entendu, la performance de la saison revient à la saison XXL de Dylan Cease (184 IP, 2.20 ERA, lire plus bas), second du Cy Young d’American League et qui s’est révélé comme l’as de ces White Sox après le départ de Carlos Rodon.  Il aura été bien accompagné, sans que cela casse des briques par Johnny Cueto, Lance Lynn et Michael Kopech, tout avec plus de 115 IP et un ERA inférieur à 4.00 tandis que les deux ex-futurs grands espoirs Vince Velasquez et Lucas Giolito connaissaient une saison bien difficile, une de plus pour le premier (4.78 ERA, en seulement 75.1 manches lancées), une rechute pour le second (161.2 IP pour un ERA de 4.90 et un WHIP de 1.44), tandis que l’ex-As Dallas Keuchel a été libéré après huit apparition et un ERA de 9.20…

Dylan Cease a été dominant toute la saison pour les White Sox (Photo : NBC Sports)

Le bullpen a plutôt bien tenu la route avec Reynaldo Lopez, Liam Hendriks et Kendall Graveman à la baguette, sans non plus faire une réelle différence sur la saison des Southsiders. Tandis qu’au bâton c’est encore José Abreu, pour sa dernière saison à Chicago, qui a tenu la baraque, tout d’abord par sa présence (157 matchs joués, un des 4 membres du roster avec plus de 120 parties) et par ses performances, dignes à défaut d’être exceptionnelles (.304 AVG, 40 2B, 15 HR et 75 RBI). Andrew Vaughan (17 HR, 76 RBI) et Eloy Jimenez à son retour de blessure (16HR, 54 RBI et .295 AVG en 84 matchs) ont également assuré tandis que les « stars » Tim Anderson et Luis Robert (177 matchs à eux deux) n’ont pas réussi à vraiment apporter quelques choses entre les blessures.

Mais les deux grosse déceptions de la saison furent Yoan Moncada, en perdition avec une moyenne de .212 au bâton et plus de Strikeouts (112) que de hits (84) sur ses 104 matchs, et Yasmani Grandal, au fond du trou avec un OPS+ de 64, 20.2% au bâton et dont les 5HR et 27 RBI sur 99 matchs joués semblent tout droit sortis d’un mauvais rêve. Même la défense ne semble plus sauver un bilan qui tourne lentement au dramatique.

Beaucoup de motifs d’inquiétude, vous l’aurez compris, beaucoup de questions, mais aussi un potentiel toujours gigantesque. Au tour de Pedro Grifol de prendre la main et une question se pose : peut-il refaire de ces White Sox un contender des 2023 ?

Qu’attendre de la saison 2023?

Il y a bien des questions que l’on peut se poser sur le management de LaRussa, notamment sur la gestion humaine et physique de ses joueurs. On a ainsi vu Luis Robert frapper d’une seule main en raison d’une douleur au poignet, ou Michael Kopech démarrer un match avec une douleur au genou apparente. On peut se demander aussi si le fait d’avoir l’une des pires défenses de MLB avec une équipe considérée comme un contender en début de saison pourrait avoir quelque chose à voir avec une mauvaise gestion ou une ignorance complète des données disponibles.

Quelles que soient les raisons, ces deux dossiers seront parmi les chantiers prioritaires de Pedro Grifol pour cette nouvelle saison : garder les joueurs en forme et leur donner toutes les armes pour être, le plus souvent, au bon endroit au bon moment. Mais cela ne fera pas tout tant la saison 2022 a montré de failles dans le jeu des Southsiders. Et on est en droit de se demander si le Front Office des White Sox, dans son ensemble, prend vraiment les choses au sérieux.

Taulier parmi les tauliers, Jose Abreu semblait être le véritable ciment, la porte face à la tempête d’un effectif jeune, talentueux, mais sans véritable harmonie dans la construction. Abreu parti renforcer les Houston Astros (qui faisaient déjà suffisamment peur comme ça), c’est un vide énorme qui s’ouvre dans le vestiaire, notamment pour les jeunes stars latino en quête de sens. Et son remplacement, ou non remplacement alors que la saison pointe le bout de son nez porte question.

Certes, Andrew Vaughn a montré de véritables compétences en 2022, mais a-t-il les épaules pour remplacer le Big Man au premier coussin ? Mais surtout, où est le joueur clé pour guider le line-up dans les moments difficiles ? Sans manquer de respect à Elvis Andrus, arrivé en août dernier, ou Andrew Benintendi qui a signé pour 5 ans cet hiver, il manque un taulier dans ce roster, en attendant de voir enfin un Luis Robert ou un Tim Anderson endosser ce costume de patron.

Avec le départ de Jose Abreu, Luis Robert et Tim Anderson vont devoir endosser le costume de patrons du lineup (Photo : NBC Sports)

Et puisque l’on parle de point d’interrogation, quid du poste de Champ Extérieur Droit : à deux semaines de l’ouverture de la saison, le poste semble promis au toujours Non-Roster Invitee Oscar Colas, un Cubain de 24 ans au parcours tumultueux entre Cuba et le Japon (lire plus bas), avec une seule saison dans le baseball affilié pour les White Sox. Un pari, un de plus, mais cela est-il bien sérieux ?

Chez les lanceurs, on part sur une rotation quasiment identique, sans Johnny Cueto mais avec Mike Clevinger. Il restera à voir dans quel état sera l’ex-star des Indians, impliqué cet hiver dans une affaire de violences pour laquelle il n’a pas été suspendu. On attendra également de voir si Dylan Cease est capable de confirmer une saison hors-norme, et si Lucas Giolito peut quant à lui se remettre en selle. Si les deux hommes se retrouvent à mi-chemin, cela sera un moindre mal pour les White Sox.

Autre secteur ou les questions se multiplient : le bullpen . Monstrueux pour les Blancs et Noirs dans son rôle de Closer, Liam Hendriks souffre d’un cancer du système lymphatique et, si l’on espère le revoir le plus vite possible sur les terrains, ne lancera probablement pas cette saison. Là encore, le Front Office des White Sox semble parfaitement muet, que ce soit pour remplacer le lanceur australien ou pour renforcer un bullpen qui n’était pas spécialement dominant. On part donc sur les bases du bullpen 2022, sans son as. Incompréhensible.

Alors bien entendu, les voies du Baseball sont insondables, et il y a toujours plein de talent dans ce Roster des White Sox… Mais avouez que la gestion de ce ballclub que l’on attendait si haut entre 2022 et 2024 est au mieux déconcertante. Et attention, la fenêtre de tir ne restera pas ouverte indéfiniment.

Le joueur à suivre : Oscar Colas

Il aura 25 ans en septembre, et l’histoire du prospect #2 des White Sox (et #85 des Majors), Oscar Colas, est déjà toute une aventure. Après avoir débuté dans les Cuban National Series à 17 ans, l’outfielder cubain a enchainé les aller-retours au-dessus du Pacifique, faisant ses gammes dans le Farm system des Fukuoka SoftBank Hawks et revenant jouer au pays pour les saisons hivernales jusqu’en 2019, année de ses débuts en NPB – il n’y jouera que 7 matchs.

Début 2020, il décide de s’enfuir de Cuba pour tenter sa chance aux Etats-Unis et, en décembre de la même année, devient éligible pour rejoindre un club majeur en janvier 2021. C’est un an plus tard, en janvier 2022, que les White Sox décident de lui offrir un bonus à la signature de 2.7 M$ et de l’envoyer faire ses armes dans les clubs affiliés de la franchise. Entre A+, AA et AAA, il enchaine les performances convaincantes, frappe à .314 de moyenne avec 23 Home Runs, la plupart en AA, et décroche une invitation pour le Spring Training.

Une fois dans le Big Club, Colas brille et s’accroche, s’offrant pour le moment une flatteuse fiche de .400/.419/633 pour un OPS de 1.053 et une paire de Home Runs. Gaucher, doté d’une forte batte et également d’un bras puissant – il aurait une fastball à 95 mph sur le monticule – il doit maintenant passer le cap des Ligues Majeures et mettre à profit ces outils et son parcours inhabituel pour se faire sa place dans le show. Et cela pourrait commencer des l’Opening Day, si la tendance actuelle se confirme.

La Star : Dylan Cease

On l’a dit plus haut, Dylan Cease a été la star de ces White Sox lors de la saison 2022, et l’une des révélations de cette saison dans les Major Leagues dans leur ensemble. Choisi par les Chicago Cubs au sixième tour de la Draft 2014, Cease a traversé la ville en 2017, en compagnie notamment d’Eloy Jimenez, dans le trade envoyant Jose Quintana à Wrigley Field. Il fait ses débuts pour les White Sox deux ans plus tard en 2019, lançant 73 manches sans particulièrement impressionner avant d’enchainer deux saisons de lanceur de milieu de rotation en 2020 et 2021.

Handicapé par des problèmes de contrôle (personne en AL n’a offert plus de buts sur balles que lui en 2020 et 2022, ou de Wild Pitches en 2021), Cease a réussi à ajuster le mouvement de sa balle rapide pour tirer meilleur profit d’un spin-rate déjà au-dessus de la moyenne et cimenter sa place parmi les meilleurs spécialistes des retraites sur prises de la ligue (5e avec 227 en 2022).

Dans le même temps, Cease a aussi développé et beaucoup plus utilisé un slider absolument diabolique qui lui a donné, en 2022 un Whiff% de 43.3%, de loin le plus efficace de son arsenal. Ajoutez à cela une Courbe déconcertante et un Changeup tout en lenteur, et toujours utilisé à bon escient, et vous avez une véritable saison de référence.

Deuxième au Cy Young d’American League derrière seulement l’intouchable Justin Verlander, Dylan Cease s’est offert un OPS+ et 180 sur la saison, et c’est même fait un petit plaisir en fin de saison en lançant son premier Complete Game, un shutout des Twins qui aurait été un non-hitter sans un coup sûr de Luis Arraez juste avant le dernier out de la partie.

Pour Dylan Cease, qui vient de se mettre d’accord avec les Sox sur un contrat de $5.7 millions pour l’année à venir, le plus dur commence : confirmer une première saison parmi l’Elite et s’affirmer comme l’As dont les White Sox ont tellement, tellement besoin.

Le prono

Sur le papier, c’est indéniable, les Chicago White Sox doivent se battre pour la première place en AL Central, et une seconde non-qualification consécutive pour la postseason serait une terrible déception. Mais la mollesse dans le recrutement du General Manager Rick Hahn, l’architecte de la reconstruction des White Sox depuis maintenant 10 ans, pose question. Est-ce une confiance entière et aveugle en son projet ou un manque criant d’imagination pour renforcer le roster dans certains secteurs ou les trous semblent absolument béants ? Les premières semaines devraient nous en dire plus, et notamment sur la capacité de Pedro Grifol à tirer le meilleur d’un effectif solide, talentueux, mais que l’on peine encore à imaginer équilibré.

Le Prono TSO : 86 victoires, 76 défaites, 3e place en American League


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