Preview 2022 – Chicago White Sox : Un cap à franchir

La reconstruction s’est achevée depuis 2 ans à Chicago et les ambitions sont chaque saison de plus en plus élevées. En 2021, les White Sox ont été loin… mais pas au bout. Ils sont encore parmi les favoris pour le titre cette année toujours grâce à ce savant mélange de jeunesse et d’expérience sous la houlette d’un coach que l’ont dit anachronique et qui jouera sans doute sa place ces prochains mois.

Le coach et sa star. Photo : MLB

Retour sur 2021

Entre un papy La Russa (77 ans) de retour un banc MLB et des jeunes bourrés de talent aux caractères bien trempés, on imaginait un cocktail détonnant pour les White Sox en cette saison 2021. En régulière, les promesses ont été tenues avec un bilan final de 93 victoires et 69 défaites, pas un mois en négatif et une 1e place de Division occupée dès le mois de mai pour ne plus la lâcher. Le premier titre de Division décroché en 13 ans!

Premier titre de division en 13 ans, ca se fête ! Photo by Ron Vesely/Getty Images

Et pourtant les écueils ont été nombreux et cela avait commencé dès le Spring Training avec la grave blessure d’Eloy Jimenez. Puis Luis Robert, Nick Madrigal, Yasmani Grandal, Tim Anderson, Carlos Rodon et Michael Kopech sont tous passés par la IL et parfois pendant des mois (Jimenez et Robert en tête!). Ce genre de blessures auraient plombé les White Sox il y a quelques années mais en 2021, le groupe n’a pas du tout flanché et fait preuve d’une sacré mentalité. Des joueurs que l’on attendait pas, on contribué, le fameux credo du “Next man up” avec Brian Goodwin, Leury Garcia, Billy Hamilton et les jeunes Gavin Sheets (11HR en 54 matchs et un walk-off contre les Twins en juillet) et Andrew Vaughn (voir plus bas).

Mais la grande satisfaction chicagoan en régulière ça a été le pitching staff emmené par Lance Lynn, Carlos Rodon (les deux avec une ERA inférieure à 3.00), Lucas Giolito et Dylan Cease (les deux avec une ERA inférieure à 4.00). Le seul bémol c’est pour l’ancien Cy Young, Dallas Keuchel, qui termine avec les plus grandes ERA et WHIP parmi les starters de l’American League. Pas de contre-performance du closer Liam Hendricks, bien au contraire, sacré meilleur releveur de 2021 grâce à ses 38 saves (ERA 2.54 et WHIP 0.73).

La saison régulière dans la poche et avec un effectif enfin complet (retours de Jimenez et Robert), les White Sox se présentaient en position de force en postseason. Le rendez-vous était pris avec les Houston Astros (5 victoires sur les 7 confrontations de régulière). Un remake des World Series de 2005 quand les Texans étaient en National League et remportés par les White Sox. Mais LaRussa n’était pas le seul habitué à ces joutes d’octobre puisque son homologue, Dusty Baker (72 ans) était sur le banc adverse. Dans le match 1, les Astros ont pris le meilleur sur le jusque-là excellent Lynn, ce qui n’annonçait rien de bon pour la suite pour une victoire 6-1.
Pas plus de réussite pour Giolito dans le Match 2 et une différence faite en 7e manche (4-4 puis 9-4). Au pied du mur, Chicago va s’en sortir au Match 3 marqué par de très mauvaises sorties des pitchers des deux camps (score de 9-6 après 3 manches!). Mais les Astros ne vont pas laisser passer leur chance une 2e fois avec un net succès au Match 4 (10-1) et une qualification au final tranquille et une déception pour Chicago de voir la saison s’arrêter trop tôt.

Mercedes, la locomotive des WS en début de saison – Crédit DR

Mais si on reconnait à La Russa une grande responsabilité dans les bons résultats de l’équipe, on continue de ne pas aimer son côté borné / old school / moralisateur même si les leaders Anderson et Abreu insistaient sur le fit parfait entre le doyen et ses jeunes loups.
L’illustration parfaite aura été cet “incident” avec celui qui restera comme la révélation très éphémère des WS : Yermin Mercedes. Des HR et des hits en pagaille pendant le premier mois de compétition, des gros colliers, du bagou… mais un homerun frappé avec un compte de 3-0 et un joueur non lanceur sur le monticule… de quoi froisser notre papi LaRussa qui a pointé du doigt la mauvaise attitude de son propre joueur devant les médias. Mercedes a ensuite complètement perdu confiance, a été rétrogradé en Minors et même un temps annoncé stopper sa carrière. Mercedes sera bien là en 2022, il a disputé le premier match de spring Training, mais attention à ne pas revivre la même situation cette saison. Les soutiens au manager pourraient se faire de moins en moins nombreux dans le dugout.

Pour finir sur une note plus positive, on reviendra sur l’un des grands moments de la saison 2021 auquel ont participé les White Sox : le Field of Dreams game du 12 août face aux Yankees. Un incroyable moment pour tous les fans du baseball avec ces 8 000 spectateurs à Dyersville, Iowa. Avec forcément une fin holywoodienne grâce à Tim Anderson (voir plus bas).

“If you build it, they will come”. Field of Dreams, version 2021. Brian Power/The Register

La saison 2022

Les White Sox ont envie d’oublier au plus vite cette élimination en ALDS et affichent encore de grandes ambitions pour cette saison.

Battus par Houston, les White Sox voudront vite oublier et tenter de faire mieux en 2022. Photo : DR

Bonne nouvelle : l’armada offensive est de retour avec Abreu, Jimenez, Anderson, Moncada, Robert, Vaughn, Grandal… tous à l’exception de Grandal encore sous contrat pour trois saisons. Même si on comptera davantage sur sa défense que sur son coup de batte, on note l’arrivée du polyvalent Josh Harrison pour un contrat très raisonnable (un an à 5,5M$ + club option pour 2023). Mais on soulignera quand même sa belle ligne de stats l’an dernier avec les Nats puis les A’s : .279/.341/.400 en 138 matchs. Il devrait récupérer la place de 2B partagée entre Leurys Garcia ou Danny Mendick après le départ de Madrigal.
Garcia a signé en décembre une prolongation de contrat de 3 ans (16,5M$). S’il va au bout, il aura passé 12 ans chez les White Sox et ne lui manque pour le moment que d’évoluer en 1B et en C pour avoir fait le tour de toutes les positions (et oui il est même déjà monté sur le monticule!).

Cela 9 ans que Leurys Garcia est au club, et il vient de signer une prolongation de 3 ans. Photo : Jonathan Daniel/Getty Images

On ne cachera pas que c’est dommage de perdre Carlos Rodon après son excellente saison 2021. Agent libre, le lanceur s’est engagé avec San Francisco. Pour le remplacer numériquement dans la rotation : Vince Velazquez 29 ans et 127 starts en 7 saisons MLB (ERA 4.95). Il a joué toute sa carrière aux Phillies à l’exception du dernier mois de septembre passé aux Padres. Son contrat est plus qu’intéressant pour la franchise : 3M$ pour une saison. Velazquez rejoint dans la rotation Giolito, Lynn, Cease et Keuchel… bien que l’avenir de ce dernier sous le maillot de Chicago ne soit pas assuré après une très décevante année 2021.

C’est surtout côté bullpen qu’on s’est agité avant et après le lockout : d’abord le FO a levé l’option (à 16M$) de Craig Kimbrel pour finalement l’envoyer chez les Dodgers il y a quelques jours en échange de l’outfielder expérimenté A.J Pollock. Les insiders penchaient plutôt par un trade de Kimbrel à la Deadline estivale si les performances étaient décevantes en début de saison (excellent avec les Cubs pendant 4 mois en 2021, il a été très moyen à son arrivée chez le voisin avec une ERA de 5.09 en 24 matchs). Maintenant que tous ses jeunes sont en MLB, Chicago a besoin de remplumer son Farm System et  Kimbrel aurait pu permettre cela mais ça n’a pas été l’option choisie. Un départ de Kimbrel parce que que Chicago s’est offert une belle pièce de bullpen en la personne de Kendall Graveman qui a d’ailleurs affronté les WS en playoffs avec les Astros (contrat de 3 ans et 24M$).

Deuxième arrivée : Joe Kelly qui s’est engagé pour 2 ans (17M$) et une club option pour 2024. Sous le maillot des Dodgers l’an dernier, Kelly a signé une ERA de 2.86 avec un pourcentage de K de 27% en 48 sorties.
A 32 ans, il apporte évidemment son expérience des grands rendez-vous, lui qui a été sacré champion avec Boston en 2018 et LA en 2020. Mais Kelly devrait débuter la saison sur la IL : il récupère de sa blessure au biceps contractée au Game 5 des NLCS. Les White Sox vont prendre toutes les précautions possibles avec le vétéran, d’autant plus avec ce Spring Training raccourci. On notera que Kelly retrouve à Chicago Tony La Russa qu’il a déjà cotoyé à Saint-Louis quand La Russa était manager et à Boston quand La Russa était dans le front office. Dans le bullpen : Graveman et Kelly s’ajoutent donc à Kimbrel, Aaron Bummer, Garrett Crochet et bien sûr Liam Hendriks.

On terminera avec une des questions qui agitera les fans cette année : est-ce la dernière saison de José Abreu sous le maillot blanc et/ou noir? Le MVP 2020 arrive dans la dernière année de son contrat (3 ans, 50M$). Depuis son arrivée en provenance de Cuba où il avait déjà 10 saisons pros sous la ceinture, Abreu s’est inscrit parmi les légendes de Chicago, club avec qui il a tout connu en huit saisons : le bottom et l’ambition. Il débute 2022 au 3e rang all-time avec 228 HR, 7e pour les RBIs (788) et les doubles (263).

Le joueur à suivre : Andrew Vaughn

J’aurai tant aimé vous parlez de mon chouchou Nick “OBP” Madrigal mais le petit (par la taille) infielder joue à Chicago North depuis son trade estival contre Kimbrel. Alors, parlons d’un autre membre de la pouponnière de Chicago South : Andrew Vaughn.

Vaughn, la révélation 2022 des WS? – Crédit DR

Sacré meilleur joueur amateur (récipiendaire du Golden Spikes Award) lors de sa saison junior avec l’université de Berkeley, California en 2018. Vaughn était arrivé auréolé d’une sacré hype pour la Draft 2019. Les White Sox l’avaient récupéré au 3e pick avec un contrat de 7,2M$ à la clé. Sur la courte saison restante en 2019, notre 1B/LF va trouver le moyen de disputer une cinquantaine de matchs du niveau Rookie jusqu’en Class A-Advanced.(AVG cumulé de .278 avec 36RBI).

Malheureusement privé d’une saison 2020 à cause du covid et de l’annulation de la MiLB, c’est en tant qu’invité que Vaughn arrive au ST 2021. Le FO veut le voir avec les grands mais continuer son apprentissage en Mineurs… sauf que la blessure de Jimenez va tout changer. Voilà notre garçon propulsé dans le roster de l’Opening Day avec des débuts le 2 avril face aux Angels. Tout est sans doute allé un peu vite pour Vaughn qui aura manqué de régularité au bâton malgré de bons débuts (AVG .235 en 127 matchs mais tout de même 15HR ; OBP .309). Manque de chance pour lui, le Spring Training est raccourci mais avec l’expérience engrangée la saison dernière et surtout moins de pression (remplacer Jimenez au pied levé n’était pas une mince affaire pour débuter sa carrière!), on peut parier que Vaughn sera beaucoup plus à l’aise dans la boite en 2022.

La star : Tim Anderson

Qui est le franchise player des South Siders? Qui fait les pubs promos pour la MLB? Qui a fait pleurer les Yankees (et l’auteur de cette preview) lors du “Field of dreams game” avec un walk-off HR? Tim Anderson, of course!

A 28 ans, le short-stop entre dans son prime et s’il n’a pas encore atteint l’aura d’autres big names de la MLB (Soto, Tatis, Ohtani, Acuna, Judge and co…), il s’agit pour lui de marquer un gros coup cette année. Quoi de mieux pour cela qu’une bague en octobre (ou novembre)?

La saison 2021 de Tim chez les White Sox : leader en runs (94), en hits (163), en bases volées (18), à la moyenne générale (AVG .309), 3e en doubles (29), en HR (17), en RBI (61), en slugging (.469), 4e en OBP (.420), OPS (.469), 5e en triple (2)… bref le meilleur joueur de son équipe, point barre.

Le héros du Field of Dreams 2021 et visage de la franchise des White Sox, Mr Tim Anderson. Photo : The Register

Consécration d’un parcours régulier depuis sa Draft en 17e position en 2013. Anderson a toujours été un joueur attendu mais pas pour les premiers rôles. Pourtant sa formation en Mineurs s’est faite à un rythme plus que soutenue avec des AVG au-dessus des .300 (à l’exception de sa première année) jusqu’à son arrivée en MLB au milieu de la saison 2016.

Le joueur est ultra spectaculaire (machine à highlights), il prend du plaisir sur le terrain mais il a un point faible : des problèmes musculaires répétés depuis 2019 (cheville, ischio, adducteurs). Alors si son corps tient bon, vous avez là l’une des grandes stars de cette saison 2022.

Prono

Une saison régulière tranquille attend a priori les White Sox. Malgré leur belle promesse, on ne voit pas encore les Royals leur disputer le titre de Division. Pas plus que les Tigers qui n’en sont pas encore à la même étape de la reconstruction. Quant aux Twins et aux Guardians, on ne sait pas trop à quoi s’attendre mais certainement pas à jouer un rôle majeur.

Le titre de Division semble déjà quasiment dans la proche des hommes de La Russa, mais ce n’est pas à cela qu’ils seront jugés. Et puis ont sait bien qu’une régulière trop facile n’est pas toujours la meilleure préparation pour les gros chocs d’octobre, les Dodgers en ont fait l’amer expérience pendant plusieurs années avant le titre de 2020. Certes, les joueurs majeurs sont sous contrat pour plusieurs saisons (àl’exception d’Abreu) mais il ne faut pas laisser passer le train : les White Sox doivent gagner maintenant!

Prono TSO : 92-70, 1er en AL Central.

Projections FanGraphs : 88-74, 1er en AL Central.


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