Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Aujourd’hui, les Braves d’Atlanta.Â
Retour sur 2020 : 🎶They will score just more and more 🎶
La 150e saison des Braves faillit se terminer aux World Series, elle finit dans les larmes. Mais avant ça, les Bravos réussirent un exercice 2020 accompli. C’est simple, Atlanta termina en tête des 30 équipes MLB en termes de hits (556), doubles (130), RBI (338), OBP (.349), OPS (.882) et total bases (1001). A la lecture de ces chiffres, on comprend vite une chose. Pour reprendre un chant célèbre venu d’Irlande durant l’Euro 2016 : «They will score just more and more (…) Your defence is Terrified, Braves’ on fire » collerait parfaitement avec ce que l’on vit sur le terrain durant cet exercice 2020.
Ne manque plus que les runs marqués, 2e MLB a un petit run des Dodgers, et les longues balles (103), là aussi 2e MLB, pour que le grand chelem soit réalisé. Bien emmenés par une flopée de gros bâtons les pensionnaires du Trust Park éclatèrent les défenses adverses façon puzzle. Ozuna, Duvall, Acuña, Freeman et Swanson dépassèrent tous la barre des 10 bombes l’an passé. On pourrait imaginer que la moyenne à la batte souffrirait de cette puissance de feu mais il n’en fut rien. Avec un average à .236, la bande à Freeman termina 2e de NL avec là encore, plusieurs joueurs au-dessus des 30% au bâton. Le MVP Freeman évidemment, mais aussi un d’Arnaud métronome et un Ozuna XXL.
Ce dernier explique notamment la domination affichée à l’attaque. Marcell Ozuna se régala dans un rôle de DH universel décidé par la MLB avant le début de la saison (18 HR, 56 RBI, une moyenne à .338 et un slugging à .636). Pour faire simple, un copié collé de la slash line du MVP 2020, Freddie Freeman (13 HR, 53 RBI, .341 avg et .640 SLG). Les deux hommes furent logiquement récompensés par un Silver Slugger tout comme Acuña (14 HR, 29 RBI, .250 avg) et d’Arnaud (9 HR, 34 RBI, .321 avg). C’est bien simple, dans les Awards 2020 Atlanta est partout. Sur les 20 meilleurs joueurs 2020 de NL, on retrouve pas moins de 5 « Bravos » avec respectivement Freeman 1e, Ozuna 6e, Acuna 12e, Fried et Swanson 18e.
Réellement, Atlanta marqua les esprits en 2020. Comme début septembre à Fenway Park, où Ozuna (encore lui) et Duvall devinrent la 1e paire de l’histoire à frapper chacun leur tour trois HR sur deux matchs consécutifs. 8 jours plus tard, dans une écrasante démonstration de puissance face à Miami, les hommes de Brian Snitker scorèrent à 29 reprises ! A un petit run de la trentaine, record historique sur un match détenu par les Rangers 2007. Bref une saison maîtrisée de bout en bout ponctuée par un 3e fanion de NL East consécutif.
Après deux coups de balais sur les Reds (2-0) et les Marlins (3-0), Atlanta se présente face aux Dodgers en Championship Series pour la première fois depuis près de 20 ans et une défaite 4-1 face aux D-Backs (2001) qui iront soulever les Yankees par la suite dans des World Series au final d’anthologie. 19 ans après, Atlanta bute de nouveau sur l’avant dernière marche, mais cette fois avec des regrets plein la valise. Après avoir mené 2-0, les Braves flancheront au pire des moments pour saccager un 3-1 lead. Ils se consoleront en pensant qu’ils ne sont pas les seuls, on pense ici aux Indians 2016 ou aux Cardinals 2012. Si proche et si loin à la fois, Atlanta voit la porte des World Series se refermer au pire moment, après avoir eu un pied et 4 orteils en finale. Un triste clin d’œil de l’histoire pour la ville qui a vu récemment ses Falcons foutre en l’air une avance de 25 points lors du Superbowl LI.
La saison 2021 : Objectif Word Series
Pour aller chercher le palier supplémentaire, Atlanta devra de toute évidence regarder du côté de la rotation. L’an passé, on l’a dit, les Braves ont réussi leur saison. Mais si on zoom en détail sur ce qui s’est passé sur la butte, on peut prendre peur. En deux mots, la rotation ressemblait plus ou moins à ça : « Max Fried en ace, Ian Anderson le lendemain et… oh… Max Fried dans le troisième match quelle bonne idée ? ». Je grossis le trait mais vous saisissez l’idée. Non, toujours pas ? Très bien alors voici les chiffres pour que vous compreniez. En 2020, l’ERA moyenne de la rotation pointe à 5.51. En National League, c’est la 15e et dernière rotation. Alors oui Atlanta s’en est remarquablement sorti grâce à son attaque, mais non, on ne gagne pas des World Series sans pitching.
La première chose à surveiller pour la saison à venir sera donc le retour de Mike Soroka, blessé au talon d’Achille depuis août et qui, a 23 ans, a été coupé dans sa prodigieuse ascension. Pour rappel, en 2019 il termine 2e au Rookie de l’année, All-Star et 6e au Cy Young avec une ERA à 2.68 et 13 victoires avant de devenir le 24 juillet 2020 le plus jeune starter de l’histoire moderne des Braves pour l’Opening Day. Le spot d’ace laissé n’attend que lui. Derrière Max Fried, 27 ans, a confirmé sa superbe saison 2019 par un exercice 2020 encore meilleur (7-0, 2.25 ERA) et un premier top 5 au CY. Enfin Ian Anderson, seule éclaircie avec Fried dans le marasme des starters d’Atlanta a prouvé qu’à 22 ans, il fallait déjà compter sur lui (3-2, 1.95 ERA). Voilà trois spots pour trois pitchers extrêmement jeunes mais ô combien talentueux. Arrivé cet hiver en provenance de Tampa Bay, Charlie Morton aura à cœur de boucler la boucle après une carrière débutée à Atlanta en 2008. Le vétéran riche d’une douzaine de saisons MLB entre Pittsburgh, Houston et Tampa Bay devrait amener tout son vécu et faire figure de mentor pour la jeune garde. Plus que le 3e ou 4e spot, il s’agira surtout pour lui de transmettre son expérience des play-offs. La dernière place de la rotation devrait être occupée par le gaucher Drew Smyly, récupéré à l’instar de Morton cet hiver lors de la Free Agency.
Normalement, si les planètes s’alignent, les Braves ont à la fois des lanceurs gauchers, droitiers, jeunes, aguerris, talentueux et expérimentés pour level-up et aller chercher leur objectif. L’enclos reste une valeur sûre, lui qui a terminé l’exercice 2020 à la 2e place de NL derrière LA (3.50 ERA). Après le départ de Melancon aux Padres (13 saves), le rôle de closer sera disputé. Mais le bullpen reste extrêmement compétitif entre les Matzek (2.79 ERA), Dayton (2.30), Martin (1.00), Tomlin (1.98) ou Minter (0.83). L’expérience sur le bench sera partagée entre Tomlin, Martin et Smith et on ne doute pas, qu’une fois encore, il ne fera pas bon être mené par les Braves en fin de match.
On ne va pas revenir sur la formidable puissance de feu du lineup et juste enchaîner sur l’infield composé d’Arnaud (C), Freeman (1B), Albies (2B) et Riley (3B) qui assure un champ intérieur solide sans être extraordinaire notamment au hot corner. Le jeune américain qui peut aussi bien jouer 1e base bien que légèrement bloqué par un anonyme Freddie ou champ extérieur affiche une War à -0.5 et reste le point faible de cette défense. Enfin en outfield, si le rookie Pache sort Inciarte du lineup, ce dernier deviendra un 4e homme qui pourra rentrer en défense sur les fins de matchs. Sur le banc on jettera un œil aux performances de Camargo et Kipnis qui peuvent autant jouer à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’objectif final est on ne peut plus évident : faire mieux que l’an passé. Cela passera donc par un pitching staff à la hauteur et une attaque toujours aussi on fire.
Le joueur à suivre : Christian Pache (OF)

On pourrait parler ici de Max Fried, 5e au CY l’an passé au sortir d’une saison monstrueuse où il aura enfilé le costume d’ace en l’absence de Soroka. On pourrait souligner tous les espoirs placés en Ian Anderson, 7e au titre de rookie de l’année et 18e parmi les prospects de MLB Pipeline. Mais on va plutôt se pencher sur un autre jeune de 22 ans, lui aussi MLB ready : Christian Pache. Très peu utilisé l’an passé par son coach, Christan Pache en a profité pour faire ses gammes aux côtés des Acuña, Freeman ou Ozuna. Niveau prise d’expérience, difficile de faire mieux.
Pour savoir qui est Christian Pache, 12e prospect MLB, il faut remonter cinq ans en arrière durant la période des transferts internationaux. A l’époque, les pépites affluent de toutes part, LA dépense d’ailleurs sans compter (37.5 M$ sur le marché international entre 2015 et 2016). Vladimir Guerrero Jr. est semble-t-il le plus gros poisson à aller chercher de cette ère et signe aux Jays. Mais un autre prodige fait parler de lui au mois de juillet 2015 : notre Christian Pache en question. Il signe pour 1.4M$ aux Braves et est aujourd’hui considéré comme le meilleur défenseur des Minors tout simplement. Sa batte a suffisamment progressé pour lui offrir aujourd’hui une place de titulaire dans le champ en 2021. Son entrée dans le Big Show il l’a surtout fait pendant la postseason où placé régulièrement dans le roster, il joua tout simplement les 7 rencontres des Championship Series, se permettant même de reléguer Acuña sur le corner face aux Dodgers. Le jeune dominicain est un gold glove en puissance doté de trois élèments qui font la différence entre un bon champ et un excellent défenseur. Une vitesse au-dessus de la moyenne, un canon à la place du bras et une lecture de balle remarquable.
Son apport offensif reste à améliorer mais à le voir au quotidien au coeur de la meilleure attaque de la planète, peu de doute qu’il ne peut qu’hausser son niveau. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de sa carrière. L’incertitude le concernant ne réside pas dans sa défense mais dans sa capacité à monter sur bases. Pour reprendre les mots d’un Freeman qui disait il n’y a pas si longtemps que « l’organisation savait agir rapidement et décisivement pour signer les jeunes talents, les développer et les transformer en pièces manquantes », on est en droit de penser que Christian Pache est le prototype du parfait projet des Braves dans la lignée des Swanson, Albies ou encore Acuña.
La star : Ronald FreemanÂ

Bon. Si j’opte pour Freddie Freeman, je vois d’ici les lecteurs qui ont découvert la MLB grâce à Acuña cliquer sur la petite croix rouge en haut à gauche, déçu de ne voir aucune ligne sur leur chouchou dans une preview qu’ils attendaient spécialement pour lui. D’un autre côté, mettre le MVP en titre aux oubliettes sous prétexte qu’Atlanta possède l’une des trois étoiles montantes de la MLB (Soto et Tatis pour les deux autres) reste un argument léger. D’humeur arrangeante, j’ai décidé de faire plaisir à tout le monde et de prendre les deux. Le vieux con en moi aurait choisi ce bon vieux Freddie pour sa loyauté, sa régularité depuis maintenant dix ans au plus haut niveau ponctué d’un titre MVP archi mérité. Une récompense pour l’ensemble d’une carrière. Parce que si les Braves font figure d’épouvantail aujourd’hui il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Entre 2014 et 2017, Atlanta ne joua pas un seul match de play-offs et celui qui sera agent libre en fin d’année continua d’envoyer du bois avec des saisons à plus de 30% au bâton, du All-Star Game, de la discussion pour le MVP (5e en 2013, 6e en 2016, 4e en 2018, 8e en 2019). En quelques mots, il a tenu à bouts de bras une équipe peu séduisante. Mais Freeman a eu raison de tenir la barre contre vents et marées durant les saisons de vaches maigres. Il est aujourd’hui MVP au sein d’une équipe dans laquelle il n’est peut-être même pas le meilleur joueur. Et pour tout ça il mérite d’être pour une année encore LA star de cette équipe avant de passer le flambeau au gamin de La Guaira.
Car si Freddie sent bon le baseball old school que l’on peut retrouver ici et là en Majors chez des joueurs du style de Votto par exemple, Ronald Acuña Jr, lui, pue le baseball spectacle. Il résume le show à lui tout seul. Et je comprends tout à fait que l’avenir de ce sport passe par des gamins de sa trempe et de son caractère. Il est hot, bankable, hype, et fait cliquer n’importe qui tout simplement. Le fan européen va se lever à 2h du matin pour voir un Acuña, pas pour un Freeman, tout MVP qu’il soit. Il n’existe pas 36 joueurs aussi spectaculaires à l’heure actuelle. Avant que la saison 2020 soit amputée d’une jambe, il avait annoncé vouloir devenir le premier homme de l’histoire à rentrer dans le club du 50/50. Soit 50 HR et 50 bases volées dans la saison. Pour bien comprendre la portée de son ambition il faut dépoussiérer les vieux livres d’histoire. En MLB, seuls quatre gus peuvent siroter un whisky au bar du 40/40. Il s’agit de Canseco (88), Bonds (96), A-Rod (98) et Soriano (06). Alors oui, la liste peut sentir un peu la stéroïde, elle monstre surtout l’immensité de la tâche. Et le pire dans tout ça ? On n’est pas loin de croire que la pépite Vénézuélienne en est capable. Alors accrochez-vous et observez ce gamin aux jambes de feu et au bras chirurgical devenir le futur Mike Trout, ça peut valoir le coup d’œil.
Vous l’aurez compris, je n’ai pas su faire de choix ici. Sortir Freddie après avoir glané son MVP était absurde. Pondre une preview 2021 sans encart sur “El de la Sabana” comme on le surnomme l’était tout autant. Puis pourquoi se priver quand on possède deux monstres aussi différents que complémentaires. Si l’un écrit le présent, l’autre a l’avenir pour devenir plus qu’une star d’Atlanta.
Le prono :
Si l’attaque continue son chantier de démolition, que sur la butte tout se dégoupille avec un retour gagnant pour Soroka et un Fried aussi chaud qu’en 2020, Atlanta sera un sérieux contender à la victoire finale. Je vois les Braves remporter leur division une 4e saison consécutive malgré le level-up évident des Mets. La vraie question est de savoir jusq’où iront ces Braves une fois venu l’automne ? Les plus joueurs mettront une pièce sur la franchise des 90’s comme on la surnomme. Personnellement je vois bien les Braves jouer la gagne. Alors rendez-vous le 3 novembre pour un éventuel Game 7 des WS ?
Le prono TSOÂ : 98-64, 1e NL East
Projection Pecota : 82-80
Le bonus TSO :Â
Allez un cadeau pas très covid friendly mais tellement bon !
J-Sé Gray : « In Billy Beane we trust »
Une réflexion sur “Preview 2021 – Atlanta Braves : 🎶 Your defence is terrified, Atlanta is on fire 🎶”